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Patrick Degeorges, la philosophie
en action(s)

©  Anne-Emmanuelle Thion

Philosophe, coordonnateur des formations et des relations avec les territoires au sein de l’Institut Michel-Serres, membre de l’École Urbaine de Lyon, Patrick Degeorges coiffe plusieurs casquettes mais a une seule et même ligne directrice qui irrigue tout son CV de cinquantenaire : « Je suis un philosophe obsédé par le terrain ! Ce qui m’intéresse, m’obsédait même dans les années 2000, c’était les problématiques liées aux valeurs mobilisées dans la conservation de la nature et c’est comme ça que j’étais allé dans le parc de Yellowstone aux Etats-Unis pour étudier la réintroduction des loups. Un travail que j’ai prolongé en France au Ministère de l’Écologie en m’intéressant à la gestion des grands prédateurs entre 2004 et 2010. Et puis, de 2010 à 2017, j’ai travaillé sur le premier plan national d’adaptation au changement climatique. »
C’est à cette occasion qu’il croise la route du dyonisien Olivier Darné. « Pendant cette dernière période au Ministère, j’ai travaillé à la réalisation d’un « portail des humanités environnementales » qui consistait à mobiliser l’expertise des artistes, des historiens, des anthropologues dans la construction de la politique environnementale du moment, se souvient-il. Au total, une centaine d’entretiens vidéo pour essayer de documenter l’émergence de la nouvelle ère dans laquelle nous sommes engagés qui s’appelle l’anthropocène. »
Sept ans pour agir...
L’anthropocène, c’est le sujet de recherche qui mobilise la réflexion et les actions de Patrick Degeorges, également initiateur de « l’Anthropocène Curriculum » de l'École Normale supérieure de Lyon entre 2017 et 2019. Un concept scientifique, synonyme aussi d’une nouvelle ère géologique.
Du coup, le H-Lab de la Zone Sensible était le terrain de recherche idéal, puisque sorti de la fonction publique, Patrick Degeorges travaille aujourd’hui au sein de l’École Urbaine de Lyon à « structurer de nouveaux programmes de formation professionnelle, avec l’idée qu’on doit aujourd’hui former des gens à un nouveau cadre de pensée autour des territoires. Ce qu’on essaye de faire, c’est de formaliser des questions, des problématiques qui vont réveiller les décideurs locaux et leur permettre de dire « on y va, on agit... » Parce qu’il faut bien se rendre compte que la planète sur laquelle nous vivons est entrée dans des accélérations de temporalité qui sont phénoménales. En matière de climat et d’environnement, le GIEC, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, nous explique en effet qu’il nous reste aujourd’hui 7 ans pour essayer d’éviter ce qu’on ne pourra plus changer ensuite à l’échelle globale. »
Frédéric Haxo
« L’anthropocène, c’est une façon d’expliquer qu’avec l’intensification de l’exploitation des ressources naturelles non renouvelables depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, nos sociétés se mettent à modifier les grands équilibres de la planète qui fonctionne différemment. Le changement climatique a été un des marqueurs le plus manifeste de l’anthropocène, ce qui signifie que la terre devient de moins en moins habitable pour nous. »
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