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Arpenter. A vélo, à pied, sur les eaux, dans les airs, en se liant avec des hommes, des femmes et des enfants du territoire.
Arpentez la ville en la dansant avec Laure Gayet, par ses canaux avec Enlarge Your Paris, par sa biodiversité avec Olivier Darné.
> Dans vos oreilles:
Prise de son et mixage: Emma Thebault et Clément Follet
> Laure Gayet,
Urbaniste, co-fondatrice de Légendes Urbaines

 Arpenter par la danse.
SPACES, de Saint-Denis à Oakland

© Légendes Urbaines, Kameira Productions

SPACES est une expérience immersive à l’initiative de Kaimera Productions et Légendes Urbaines qui combine performance contemporaine à l’art ancestral de la narration orale.
Il s'agit d'une pièce qui engage les habitants du quartier d’implantation à créer et interpréter leurs propres histoires. Ils y racontent au milieu de performances dansées leurs vies et leurs identités, dans leur rapport à leur quartier. En interrogeant l’attachement singulier et intime des habitants d’un territoire, SPACES met en valeur sa richesse culturelle et tend à faire émerger un récit collectif.
Prochains rendez-vous:
Halle du Marché & Basilique de Saint-Denis
30 septembre et 1, 6, 8 & 9 octobre 2021

> Arpenter plus loin:
Laure Gayet, avec Légendes urbaines, accompagne les démarches croisant art, urbanisme et développement local. Le projet SPACES, est développé à Saint-Denis en 2020 et Oakland en 2021, dans le cadre du projet de coopération Oakland/Saint-Denis porté par l’ambassade de France aux Etats-Unis.
> Arpenter encore plus loin:
Les infos, vidéos du projet SPACES, ici.
Prochaines dates des représentations:
Le 30 septembre à 19h30, le 1er octobre à 19h, le 6 8 et 9 octobre à 19h30
Pour réserver vos places, c'est là.


> Enlarge your paris
Arpenter par le canal de l'Ourcq, un patrimoine grand-parisien bicentenaire
Il va fêter en 2022 son 200e anniversaire. Si son activité industrielle a décliné au tournant des années 1970, le canal de l'Ourcq a su depuis se réinventer pour devenir l'un des lieux de vie les plus emblématiques du Grand Paris.

© Bruno Lévy

© Bruno Lévy
© Bruno Lévy
©  Bruno Lévy
© Bruno Lévy
© Bruno Lévy
© Bruno Lévy
©  Bruno Lévy
© Bruno Lévy
Un héritage à maintenir
Le tourisme aussi se développe. Le festival l'Eté du canal est devenu un rendez-vous immanquable du calendrier grand-parisien. Aux beaux jours, les péniches se trouvent désormais nez-à-nez avec de petits bateaux de plaisance électriques tandis que sur les berges des trentenaires, canne à pêche à la main, essaient d'attraper des silures pour ensuite s'offrir un selfie de circonstance . "L'ambiance industrialo-portuaire à la Simenon a cédé la place à autre chose. Pour autant, il est essentiel que le canal conserve un rôle en matière de transport. Cela peut être intéressant pour développer l'agriculture urbaine par exemple", estime Antoine Furio qui insiste sur l'importance de préserver le bâti. "Il faut entretenir les écluses, les maisons d'éclusiers, les écuries..." Alors qu'il s'apprête à célébrer son 200e anniversaire en 2022, il s'agit, pour le canal, de regarder vers l'avenir. Sans que, pour autant, le passé prenne l'eau.
Tout commence le 29 Floréal an X.
Comprendre le 19 mai 1802. Ce jour-là, le corps législatif vote par décret "l'ouverture d'un canal de dérivation de la rivière d'Ourcq." Poussée par Napoléon, l'idée est bien sûr d'améliorer l'approvisionnement de Paris en eau potable, mais pas seulement. La capitale doit devenir une ville de prestige. Il serait donc de bon ton que la Seine ne soit pas encombrée par les bateaux de commerce. Ourcq, mais aussi Saint-Martin et Saint-Denis : « ces canaux vont constituer un réseau dont le point de jonction est le bassin de La Villette », éclaire Antoine Furio, chargé d'inventaire du patrimoine culturel au conseil départemental de Seine-Saint-Denis. Dès 1802, l'ambition est claire : ces axes fluviaux doivent devenir portuaires et industrialo-portuaires. Mais le projet prend son temps. Ce n'est qu'en 1822 que la navigation est ouverte de Mareuil-sur-Ourcq (Oise) à Paris.
Le développement du canal va aller de pair avec celle du chemin de fer, vers 1850. Et, sur ses berges, l'industrie se développe aux alentours de 1870. Les forêts de Villers-Cotterêts (Aisne) alimentent la capitale en bois de charpente et des scieries s'installent le long de l'Ourcq. Gypse, charbon ou sable sont également transportés sur l'eau. Un peu plus tard, la métallurgie viendra également se greffer. Mais l'ensemble décline à partir des années 1970 : la crise pétrolière et la décentralisation viennent asséner un coup de massue aux berges. Au point que, dans les années 80, "on envisage de transformer le canal de l'Ourcq en voie routière", raconte Antoine Furio.
La fin de la décennie va néanmoins apporter un nouveau souffle au canal.
L'ouverture du parc de La Villette (19e), inauguré en 1987 par François Mitterrand, va venir modifier son image. Jusqu'ici résumé à sa fonction, "il devient paysage", explique Antoine Furio. Ainsi, à Bobigny, le parc de la Bergère devient une sorte de pendant des Buttes-Chaumont pour les habitants de ce coin de Seine-Saint-Denis. A l'instar des docks de Saint Katharine à Londres, les anciens espaces industriels se voient requalifiés. A Bobigny, la Prairie du canal , la ferme urbaine de l'association la Sauge (Société d'agriculture urbaine généreuse et engagée), s'est installée en lieu et place des anciennes usines MBK. A Pantin, l'agence BETC a implanté son siège dans d'anciens entrepôts. Pantin justement : le canal y fait partie intégrante de l'identité de la ville. La mairie est située juste à côté et, en 1965, le maire, Jean Lolive, y implante sa cité administrative dans un étonnant bâtiment brutaliste qui héberge aujourd'hui le Centre national de la danse .
Contrairement à l'industrie, s'il est bien une dimension qui n'a pas connu la crise, c'est la pression foncière sur les berges de l'Ourcq. Depuis plusieurs années, les rives du canal sont convoitées par les promoteurs immobiliers. Quartier Newport à Pantin, quartier Engelhard (du nom d'une ancienne usine de métaux) à Noisy-le-Sec, les programmes se multiplient. "Un appartement avec vue sur l'eau est attractif, analyse Antoine Furio. D'autant que ces sites sont un peu les derniers espaces à urbaniser."
Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
D'où de nouveaux usages à apprivoiser : sur les chemins de halage, plus de chevaux, mais des piétons et des cyclistes qui doivent apprendre à cohabiter.
Olivier Darné, carte blanche: arpenteur de la biodiversité
Polliniser en Seine Saint-Denis ou l’art de se conjuguer au pluriel du vivant
" Chapitre 1. L’invention du miel 
Le miel, est un trésor. Que vous soyez ours, rat, furet, fourmi, voire humain, de l’origine du monde à nos jours, le miel est un trésor, un mystère, un secret convoité, gardé par la piqure brulante des abeilles depuis plus de 80 millions d’années.
Et si par principe l'inventeur est celui qui découvre, alors faire du miel consiste pour les abeilles à inventer chaque année un trésor.
Alors, quel trésor avais-je inventé, lorsqu’en 1996 j’installais mes premières ruches à Saint-Denis ?  En quelques mois et en une cuillère, grâce aux abeilles, je découvrais et mangeais l’horizon, goutais l’invisible de la ville avec une intimité telle que je pouvais la gouter et pire encore, la manger.
Au milieu d’une ville à priori « inbutinable », métropole minérale bétonnée cumulant à la fois la densité et l’intensité, soudain : une surprise, un paradoxe, une absurdité admirable aux saveurs remarquablement complexes, un urbain et divin nectar, un miel :
- Le Miel Béton.

© Olivier Darné

Concentration du territoire et produit du « terroir urbain » devenu un indicateur gustatif de la biodiversité culturelle et urbaine, ce miel devenait alors un marqueur du paysage, point de départ d’un projet artistique et d’un essaimage de questions que je nommais à cet instant la « Pollinisation de la ville » ... 
À partir de ce jour, de ce miel, j’allais poser des abeilles et des questions sur les trottoirs des villes, dans la rue, notre premier espace public. Commençait alors le partage d’expertises avec d’autres. Depuis ces questions d’abeilles, l’aventure sociale devenait collective, artistique, culturelle, scientifique et transdisciplinaire : le collectif d’artistes Parti Poétique était né et allait tacher de faire un miel du « territoire humain ».
Chapitre 2. Au nom de la faune, de la flore et du Saint Béton.
En anglais apiculteur se dit « Bee keeper »  et ainsi devient bien plus qu’un éleveur d’abeilles, il en devient le gardien, gardien d’un animal libre, sans âge et sauvage, qui n’a jamais cessé de se mettre en intelligence avec sa géographie qu’elle soit faite de ville ou de campagne …
La surprise fut immense lorsque dés ma première année de pollinisation, je récoltais avec une simple ruche, par accident, près de 40 kilos de miel avec un seul essaim, une seule ruche, une seule reine, peu d'expérience et à peine un quart de mètre carré de surface occupée au sol.
Avec une zone de butinage de 3 kilomètres de rayon autour de la ruche, je cultivais grâce à « mes » abeilles 3000 hectares de ville sans être propriétaire du sol. De gardien je devenais « pirate » et commençais alors à « comptabiliser » l’invisible et l’inimaginable d’un trésor urbain.
À considérer qu’un kilo de miel représente environ 40 000 km de butinage, chaque kilo de miel représentait alors un tour du monde.
A moi alors de réaliser et de comptabiliser qu’en 3 mois de mai à juillet, « mes » abeilles, depuis mon toit, en avaient donc fait 40 fois le tour du monde.

© Olivier Darné

 Depuis plus de 20 ans, au cœur de Saint-Denis, et d’autres paysages urbains, de résidences d’artistes et d’installations en France et à l’étranger, d’essaimages en essaimages, mes abeilles urbaines produisent chaque année entre 4 et 5 fois plus de miel que dans la majorité des régions rurales d’Europe.
Comment lire ce paradoxe ?
Comment l’interpréter ?
Car ce « miracle urbain » ne peut selon moi être considéré comme une bonne nouvelle car s’il était surprenant en 1996 de faire du miel en ville, il est bien plus inquiétant aujourd’hui de ne plus pouvoir en faire sur les anciennes terres de miel de nos grands-parents.
Là où dans nos campagnes les abeilles meurent de l’homme, elles n’ont que faire de savoir que la ville est devenue l’espace de biodiversité qu’elles ont perdu. Le miel urbain ne serait donc selon moi pas une réjouissance, à peine un espoir et encore moins une solution. Il convient aujourd’hui de ne pas se tromper de combat. Il ne suffira pas seulement de sauver les abeilles pour sauver l’humanité, car le champ de bataille est plus vaste, et c’est la protection des milieux qu’il nous faut engager pour sauver la complexité géniale et fragile du vivant.
En 2003 je posais une installation et des dizaines de milliers abeilles sur les trottoirs de Paris au Palais Royal au sein d’un projet que j’intitulais : L’ERREUR EST URBAINE !
Depuis avec les ravages d’une monoculture intellectuelle et agricole comment ne pas être convaincu que l’erreur est aussi devenue rurale et … humaine. 
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Design graphique: @Antje_Welde / Voiture 14
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