Que fait-on du passé ? Écrivons-nous avec lui une nouvelle histoire ? L’entremêlons-nous à de nouveaux matériaux ?  Quelle place prend l’art ?
Parole à la carte blanche
  

C
Construire = Communauté, Collectif, Commun
Communauté, collectif, commun constituent les trois moments d’un nouveau Construire, l’avant, le pendant et l’après. Les communautés sont un matériau déjà là avec lequel faire et travailler, accompagner. Le collectif est l’engagement du présent. Enfin, le commun est un horizon.
I
Intermédiaire = Itération, Interstice, Immatériel
Nous défendons l’idée d’un urbanisme intermédiaire fondé sur des logiques d’itération, qui investit les interstices physiques et institutionnels. À cet endroit, il s’agit autant de travailler la matérialité des contextes que l’immatériel qui les composent : les représentations, les cultures professionnelles…

M
Moment & Manifestation / Micro-monument
Un des concepts centraux de cette approche intermédiaire, comme nouvelle manière de construire la ville, c’est de travailler et de mettre au travail des moments plus que des espaces. Toute la difficulté réside dans la capacité des acteurs de la ville à ménager l'existant, à temporiser les grands projets pour laisser la possibilité au territoire et ses habitants de s’approprier leur devenir.

E
Espace public = Expérimentation & Expérience
Occuper un espace public c’est le percevoir, le vivre et le pratiquer d’une manière unique, qui nous est propre à chacun. Réfléchir à sa forme et son organisation c’est avant tout pouvoir se projeter sur les manières d’occuper, les usages, les flux. Dès lors, on replace les lieux, leurs réalités et les dynamiques qui les instituent au cœur du projet. L’espace est mesure, le lieu est expérience(s). Ainsi vivent des lieux collectifs.
N
Nous & Narration
Ce nous ne peut exister qu’avec une narration, l’écriture de ces histoires de lutte et d’invention. Toutes ces expériences et expérimentations peuvent participer à construire une culture des précédents qui peut-être avec le temps nourriront l’émergence de cet idéal politique des communs.

T
Transformation, Temps, Top
Allons chercher les recoins inexplorés, s’approprier les espaces auparavant inaccessibles comme le potentiel de toits perchés en “top” de la ville. Sachons préserver une culture de la transformation qui ne figent pas, qui ne se limite pas à la temporalité, qui peut se réinventer, qui n’hypothèque pas les possibles en les figeant dans une matière tant physique qu’idéologique. Nous ne saurons que dans plusieurs années si cette culture de la transformation, de la résilience survivra face à la culture de la fixation.
Recyclage à tous les étages dans la construction durable made In Seine-Saint-Denis

Récupérer de la terre crue, des cartons, de la paille ou encore de l’argile pour en faire de nouveaux matériaux de construction ou d’éducation, c’est le mode de production écologique qui unit différents projets disséminés en Seine-Saint-Denis. Quatre manières de tracer des voies d’avenir.
© Bruno Levy
© Bruno Levy
© Bruno Levy
© Bruno Levy
© Niveau Zero Atelier
© Niveau Zero Atelier

Construire Solidaire, la preuve par l’exemple à Romainville
Du côté de Romainville, le réseau « Construire Solidaire », qui compte une cinquantaine de sociétaires actifs dans le secteur de l’habitat et de la construction écologique, a installé en 2020 un démonstrateur des possibilités de réemploi du bois, de la terre et de la paille dans la construction. Lequel agit aussi comme organisme de formation avec l’ambition de participer au renforcement de filières d’emploi autour des matériaux bio-sourcés.
Cycle Terre, un projet qui touche terre à Sevran
Réutiliser une partie des 25 millions de tonnes de terre excavées chaque année sur les chantiers franciliens, c’est l’idée initiale d’un projet collaboratif largement impulsé, depuis 2017, par la ville de Sevran. Et concrétisé en novembre 2021 par l’ouverture, sur le territoire de la commune, de la Fabrique Cycle Terre dont les cinq premiers salariés s’emploient désormais à recycler de la terre crue pour en faire des briques, des enduits de construction ou du mortier. Objectif 2022: produire 600 000 briques et 400 tonnes d'enduits.

© Bruno Levy

  
Niveau Zéro Atelier : plus verte mon argile...
Collectif d’architectes, de designers et de plasticiens installé depuis fin 2021 sur l’ex-site industriel KDI à La Courneuve, « Niveau Zéro Atelier » a imaginé M.E.G.A, autrement dit un Module d'Exploitation de Gisement Argilifère. Un acronyme qui dissimule en fait une plateforme mobile de production d’objets en céramique capable de se greffer sur les chantiers architecturaux afin d’exploiter l’argile extrait lors d’opérations de terrassement. Prochaine étape:  s’implanter « pourquoi pas sur de futurs chantiers du Grand Paris afin d’ouvrir l’architecture sur l’extérieur, sur les habitants qui vont la vivre », ambitionne Souleimen Midouni, l’un des fondateurs.
A Saint-Denis, Pointcarré invente la brique qui cartonne
Royaume des « artisans-makers » installé dans le centre de Saint-Denis, la coopérative Pointcarré a expérimenté la fabrication de briques à base de pulpe de papier ou de cartons récupérés, d’abord pour en faire un isolant phonique d’un de ses murs intérieurs. Ce qui l’a ensuite amené à produire des briques et des éléments de jeux pour les plus petits « toujours en exploitant les papiers et cartons qu’on retrouve dans le quartier », explique Elie Préveral, l’un des fondateurs de la coopérative dionysienne.
Frédéric Haxo
> Arpenter + loin : Un bond dans le temps et l’histoire. Comment étaient construits les habitats ruraux du Moyen-Âge en Seine-Saint-Denis ? Que reste-t-il de ce patrimoine ? Réponse ici.

©  Pauline Rastagnat

© Association Maison Coignet

La Maison Coignet, l’une des premières maisons en béton qu’on ne veut pas laisser béton.

Depuis 2015, Emmanuel Sala milite pour que l’une des premières maisons en béton, construite en 1853 à Saint-Denis par son arrière-arrière-grand-père, l’industriel François Coignet, soit restaurée et transformée en centre dédié à l’éco-construction.
Dans ce quartier en bord de Seine où s’alignent les entrepôts et immeubles de bureaux, elle fait figure d’ovni. Construite en 1853 par l’industriel François Coignet, la maison Coignet, située au 72 rue Charles-Michels à Saint-Denis,, n’a plus vraiment l’allure qu’avait souhaité lui donner son concepteur. A l’abandon, murée par endroits et envahie par une nature bien décidée à reprendre ses droits, elle fut pourtant au XIXe siècle l’un des premiers bâtiments en béton aggloméré construit en Île-de-France.
 
Fils d’un chimiste lyonnais, François Coignet arrive en région parisienne dans les années 1850 et y met au point ses premières formules de béton avec comme objectif de créer un matériau plus économique que la pierre de taille afin d’offrir aux classes populaires des logements salubres et confortables. Pour cela, « il est parti de la technique du pisé qui existait dans la région lyonnaise, et dont il a changé les ingrédients en utilisant les résidus de l’industrie présente en Seine-Saint-Denis : le mâchefer, explique l’architecte Cosme Vallet. En construisant cette maison, et notamment la toiture, il a ensuite eu l’idée d’incorporer de l’acier. Ce qui a donné les prémisses du béton armé ».
  

Le clocher de l’église de Villemomble
Bâtie en 1901, l’église de Villemomble attire en particulier l’œil du fait de son clocher conçu par l'architecte Paul Tournon et dont le ciment est sculpté "a fresco" par Carlo Sarrabezolles.
Construit en béton, en meulière et en brique il ne mesure pas moins de 56 mètres. La photographe Emmanuelle Jacquot s’est hissée en son sommet pour livrer ces clichés.
« Cette prise de vue a été particulièrement acrobatique par un jour de grand vent, à 56 mètres de hauteur ! Il a plu, neigé et fait soleil dans les 3 heures où je suis restée en haut de la nacelle, les doigts crispés par le froid sur l'Hasselblad argentique avec lequel j'avais décidé de travailler »
  

©EJacquot
©EJacquot
©EJacquot
©EJacquot
©EJacquot
©EJacquot
©EJacquot
©EJacquot
Design graphique: @Antje_Welde / Voiture 14
Back to Top