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Rencontre avec Elizabeth Medouni
« En rollers, les femmes se sentent plus fortes et moins vulnérables »
Elizabeth et Florian donnent tous les deux des cours de rollers et de skate en Seine-Saint-Denis avec la même idée: enrayer les stéréotypes autour des sports de glisse.
« On est une association sportive engagée. » Elizabeth Medouni, 25 ans, utilise les sports de glisse pour enrayer les stéréotypes sexistes et les discriminations dans l’espace public. Il y a un an et demi, la jeune femme brune, toujours souriante, a lancé l'association Saint-Denis Rides avec une idée bien précise en tête :
Elizabeth voudrait inspirer les petites filles qui la croisent sur ses patins. Comme elle a, elle-même, été influencée plus tôt. Quand elle était petite, Elizabeth allait au skatepark à côté de chez elle pour regarder ses potes skater. Mais difficile de s’imaginer sur des patins.
« On donne des cours d'initiation au skate et aux rollers, mais ce n’est pas juste un club de skate. C’est aussi un prétexte pour parler d’égalité et de citoyenneté. »
Nous sommes des arpenteur.se.s qui adoptons le présent et cuisinons avec les restes :
réhabiliter, réparer, détourner,
re-convertir un héritage.​​​​​​​
©Denis Darzacq
©Denis Darzacq
« Les monuments métropolitains qui composent la Seine Saint Denis ne sont parfois pas reconnus à leur juste mesure sur le plan plastique. Cela peut-être une chance car on évite l’écueil de la patrimonialisation. Mais il faut aussi défendre leur préservation comme réelles traces de l’histoire et constituants de l’identité du département.
Outre être une erreur environnementale profonde, les logiques de démolition ne font que répéter les logiques de tabula rasa qui dominaient à l’époque où tout ce ciment a été utilisé. Le ciment fige et s’associe à l’idéal moderne de la forme parfaite, autonome et intemporelle.
L’utopie architecturale et urbaine de la modernité mettait de côté la question du temps qui passe, de la dégradation, de l’obsolescence de certaines fonctions… Et c’est la violence de cette négation qu’il s’agit aujourd’hui d’éviter en se ressaisissant de cet “existant” fixe dans ses formes mais non dans ses usages… En effet, ces monuments et espaces sont porteurs de puissantes potentialités. La surface horizontale de la dalle incarne l’espace public par excellence. Les dimensions des infrastructures autoroutières appréhendées à l’échelle de l’homme et de la marche deviennent des surfaces de possibles dès lors qu’on accepte leur obsolescence… ​​​​​​​
Reste à penser la réintégration de tout cet héritage bâti à la transformation de la ville, nouvelles pièces du palimpseste… Les pratiques habitantes et culturelles ont su nous montrer l’entrée par laquelle se ressaisir de ces infrastructures et de cet héritage, ont montré l’importance à accorder au ciment social.
Les modalités d’occupation de l’espace public ont su tordre l’idéal universaliste des architectes modernes et bricoler avec ces utopies : jardin partagé, squat, lieux intermédiaires… Enfin, un mouvement que le hip-hop, dont la Seine Saint Denis a constitué le foyer en France, nous montre comment une génération sait inventer et s’approprier son milieu. Danser sur une dalle, graffer un mur… Autant de pratiques qui affirment une reprise, une appropriation de cet univers construit, hérité et figé dans lequel une génération a dû se construire. Toutes les pratiques urbaines, souvent en accointance, tel que le skate et d’autres sports de « glisse urbaine » ou encore le parkour, pratique qui explore de manière radicale ces manières d’habiter collectivement son espace de vie. Il a fallu grandir dans ce milieu pour en faire quelque chose de commun dans un contexte qui se dégradait fortement sur le plan social et politique.

La leçon à retenir est bien celle-ci : assumons le temps et ses traces...

©Matthias Tronqual
©Matthias Tronqual
©Matthias Tronqual
©Matthias Tronqual
... celles de l'appropriation et de la réparation (que défend une certaine approche de la rénovation), la reconversion nécessaire des espaces… La réparation et l’invention programmatique ne passent pas nécessairement par la transformation lourde mais débutent avec l’évolution des pratiques, de l’appropriation collective… Elles sont à prendre comme une nouvelle structure sur laquelle construire, greffer, détourner. Les dalles en sont souvent l’exemple, leur strate et leur complexité laisse exister des espaces qui s'ouvrent aux potentialités d’activités citoyennes, associatives voire économiques. Par exemple, les grands bâtiments qui ont perdu leurs usages accueillent de nouvelles activités économiques et de nouveaux profils d’équipements para-publics : tiers lieux, espaces de travail collaboratifs, art run space…
Anouk Goelo / YA+K
> Arpenter + loin : 
Bobigny 2 (Reconstruction), du photographe Denis Darzacq.
Au mois de décembre 2020, les membres de la Prépa' théâtre 93, du conseil des jeunes et de l’atelier des anciens de la MC93 ont accompagné le photographe dans son souhait de documenter la destruction du centre commercial de Bobigny et essayé d’esquisser, par leur geste, des tentatives de reconstruction du lien social, en pleine période de confinement. Bientôt, une exposition présentera les images de ce projet.
En savoir + par ici.

> Arnaud Idelon pour Enlarge Your Paris
Fondateur Ancoats
Fêtes et friches pour une énergie renouvelable. Cap sur ces collectifs qui investissent le patrimoine industriel de Seine-Saint-Denis pour de nouvelles façons de faire ciment.
Lire l'article, par ici.

© Bruno Lévy

>François Gautret
Commissaire d'expo
 >Wael Sghaier 
Réalisateur, reporter
Arpenter l'espace public, les dalles, c'est aussi faire un saut dans l'histoire. A l'occasion de Hip-hop 360 à la Philharmonie de Paris, rencontre sonore avec François Gautret, commissaire de l'exposition. Commentaires sur photos. 
 ©Bruno Lévy
©Bruno Lévy
 ©Bruno Lévy
©Bruno Lévy
 ©Bruno Lévy
©Bruno Lévy
 ©Bruno Lévy
©Bruno Lévy
 ©Bruno Lévy
©Bruno Lévy
Au micro de Wael Sghaier pour le In Seine-Saint-Denis
 ©Bruno Lévy
©Bruno Lévy
 ©Bruno Lévy
©Bruno Lévy
 ©Bruno Lévy
©Bruno Lévy
 ©Bruno Lévy
©Bruno Lévy
 ©Bruno Lévy
©Bruno Lévy
S’approprier l’espace public, c’est aussi s’approprier ce qui donne vue sur la rue... Et suscite le parcours urbain.
©Bruno Levy
©Bruno Levy
©Bruno Levy
©Bruno Levy
©Bruno Levy
©Bruno Levy
 ©Bruno Lévy
©Bruno Lévy
​​​​​​​Coup de projecteur sur « Fenêtre sur rue », parcours d’art urbain porté par l'Ecluse collectif qui conçoit et produit des projets d’art urbain in Seine-Saint-Denis, à Aubervilliers. 
Plus 70 portraits d’habitant.e.s réalisés par 22 artistes, posés sur les fenêtres murées du quartier du Marcreux. Ici exposé, dans l'ordre d'apparition, le travail d'Enaer, Marie Aimée Fatt, Sema Lao, Quentin DMR et Kazy. Le plan du parcours, ici.
 ©Bruno Lévy
Design graphique: @Antje_Welde / Voiture 14
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